Où l’avez-vous fait ? Avez-vous vous pris du plaisir ? Est-ce que ce fut un moment important pour la suite ou au contraire, sans conséquence ? … Avez-vous été payé(e)s?
J’aimerais parler du premier passage sur scène et des impressions qu’il laisse.
On me demande souvent comment j’ai commencé les effeuillages burlesques et dans quel état d’esprit j’étais. Pour ma part, je crois qu’il y a eu 2 premières fois.
La fraîcheur de l’innocence
La grande première, c’était lors d’un Dr. Sketchy (séance de dessin sur modèles vivants) sur le thème : « Au pays des Jouets ».
Je posais en poupée, habillée de rose et d’or par le grand François Tamarin, aux côtés de Minou en soldat de plomb, d’Hedoluxe, magnifique dans son zentaï et de Molly Crabapple herself, la fondatrice du concept Dr. Sketchy’s Anti-Art School.
J’avais proposé à Sorrel, l’organisatrice de l’événement, de faire un effeuillage, à la manière d’un automate, pour animer la soirée.
Ma principale préoccupation était de faire quelque chose de beau; j’avais carte blanche et aucune pression extérieure. La performance était une surprise pour le public de dessinateurs qui ne s’attendait à rien de particulier. En plus, ils n’étaient qu’une petite vingtaine. J’aurais sans doute été plus stressée face à 200 personnes pour ce premier galop.
J’avais travaillé au mieux la chorégraphie et même si j’étais un peu inquiète à l’idée de rester coincée dans mon corset, je me sentais prête. Par ailleurs, la question de la pudeur ne se posait pas puisqu’en posant pour Dr. Sketchy, je m’étais déjà dénudée en public. Je n’étais pas tout à fait vierge, je le confesse…
La petite danse a été filmée et en voyant le résultat j’étais plutôt contente. J’étais même agréablement surprise. En fait, c’était la première fois que je me voyais en mouvement (exception faite d’une vidéo où j’essayais de faire du ski nautique). J’ai eu une première prise de conscience de mon apparence sur scène et ça a été le point de départ d’une réflexion sur l’aura que je voulais dégager. Si ce que j’avais vu ne m’avait pas plu, je n’aurais pas été vraiment déçue, mais je n’aurais pas continué le burlesque.
One silver dollar…
La deuxième 1ère fois, c’était ma première véritable « commande »: j’étais attendue et rémunérée (*joie*) pour faire ce même automate le soir du 31 décembre 2009, dans un club privé.
Ce fut une expérience très différente. J’étais énormément stressée. J’étais même partie en costume de chez moi de peur d’en oublier une partie. Imaginez-moi, à moitié nue, dans le costume de poupée mécanique sous un grand manteau de fourrure, attendant le métro, avec deux coeurs dessinés sur les joues et des couettes frisées. Un petit américain est passé devant moi avec sa mère et a dit en me montrant du doigt : « Hey ! Kind of freak! »
Ce que je sais, c’est que l’arrivé de l’argent avait fait naître en moi une forte conscience du « devoir à accomplir ». Je me devais d’être à la hauteur. Non que sans argent il n’y ait pas de valeur, mais ça officialisait et refroidissait la chose.
A l’obligation de moyen, s’ajoutait l’obligation de résultat.
Mon autre souvenir de la soirée, c’est l’immense plaisir que j’ai eu pendant que je faisais mon numéro. J’ai ressenti une véritable vague d’échange avec le public. Il était disposé en cercle, à 2 mètres de moi et en regardant tel ou tel groupe, en posant mon porte jarretelle sur le nez d’un homme qui s’était trop approché, en souriant à un autre qui s’éloignait, j’ai ressenti le pouvoir du dompteur de fauve et l’impression qu’au moindre faux pas je perdrais tout contrôle.
C’est ce fluide et sans doute aussi l’adrénaline qui ont crée mon addiction à la scène.
Il y a sans doute plusieurs premières fois : celle où on est devant un public, celle où on est payé, celle où on est à l’étranger, celle où seuls des inconnus sont dans la salle…
Et vous, quels souvenirs avez-vous de ces moments ?
Marie Guillaumet
Oh, mais que ce billet est fantastique ! Je savais qu’en créant un blog, tu illuminerais la blogosphère de ton éclat singulier.
J’ai vraiment adoré cette histoire. Je m’étais déjà demandé comment tu étais arrivée à la scène et au burlesque. Avant cette fameuse séance pour Dr Sketchy’s, tu n’en avais jamais fait ? (Tu dis que tu t’étais déjà dénudée en public, sans préciser s’il s’agissait de danse, de séance de pose, ou de quelque chose dont tu ne peux pas parler en public – ah !).
Est-ce que tu prenais des cours de danse avant même de danser sur scène ? Ou bien c’est en commençant la scène que tu t’es dit : « Tiens, je vais me perfectionner » ?
Je t’en pose des questions, hein !
Au fait, les photos sont très bien choisies aussi ! (Oui, je bloque là-dessus. ^^)
Sucre d'Orge
Alors mon enfant… Je vais te raconter une histoire… (non, non, je ne suis pas Père Castor)
Tout d’abord, merci pour ces encouragements ^^
(et oui, Pinterest est toujours mon ami !)
« Avant cette fameuse séance pour Dr Sketchy’s, tu n’en avais jamais fait ? »
Jamais d’effeuillage, ni de strip-tease.
Par contre, j’avais déjà posé une fois pour un Dr. Sketchy, sur le thème 18ème siècle et j’étais bien inquiète à l’idée de me dénuder devant les dessinateurs. Mais c’était la condition sine qua non : pour le dire prosaïquement, Sorrel cherchait un modèle qui enlève son soutien-gorge. *en plus je posais à côté de Lada Redstar, no comment* Du coup, cette fois-ci, en poupée, ce pas était déjà franchi. On dirait pas comme ça, mais ça compte !
« Est-ce que tu prenais des cours de danse avant même de danser sur scène ? »
J’ai été une élève assidue mais relativement médiocre de cours de danse classique de 4 à 14 ans. Là encore, on dirait pas comme ça, mais ça compte ! En dehors : 0, coup de pied : -1, mais bon, il y a des attitudes et des gestes que l’on oublie pas et ça m’a beaucoup aidée.
J’ai aussi dansé le tango argentin pendant longtemps (10 ans aussi, je crois bien) et pour ce qui est d’apprendre à se mouvoir sur talons en musique, il n’y a pas mieux ! C’est tout un rapport au sol et à la sensualité du pas, de son toucher, de son intention…
Je crois que j’ai tout dit ! 🙂
Lila C-H
Bon je me lance… ! Ca faisait 4 mois que je faisais du cerceau et mon copain de l’époque m’avait encouragé à faire un petit show pour la Burning Night (fev 2011). La grande scène de la Machine du Moulin Rouge… aie aie aie. J’avais vu quelques semaines plus tôt un show Burlesque (le 1er) à Rome complètement par hasard et je me suis dit, moi aussi je veux faire ça mais avec mon hula hoop ! Bon je devais danser sur la musique du DJ et je n’avais pas vraiment de costume mais je me suis lancée le défi de faire le strip jusqu’aux nippies ! Je me disais aussi que les gens feraient moins attention à ma médiocrité si j’enlevais des vêtements…
J’étais toute excitée jusqu’à ce que mon copain me quitte la semaine avant le show. J’habitais en Suisse à l’époque et il était l’organisateur de la soirée !! J’ai voulu abandonner mais ça aurait été tellement dommage ! J’ai fait ma routine (avec 2 copines derrières pour me soutenir) pour lui prouver que j’en étais capable mais c’était surtout pour moi-même. A la fin de la soirée, il est revenu sur sa décision et on s’est remis ensemble^^… enfin que pour quelques mois mais ça reste quand même un souvenir unique !
Je n’avais jamais dansé sur scène de ma vie et j’ai tout de suite adoré ça mais si c’est un peu différent de la danse burlesque. Paix à son âme, Il m’a mis sur les rails de cette nouvelle vie et nous a quitté bien trop tôt ! Merci de m’avoir ravivé ce souvenir ! J’ai une photo à l’appui dans les dossiers^^
Sucre d'Orge
Merci Lila pour ce témoignage émouvant. <3
J’adorerais voir cette photo classée…
« Je me disais aussi que les gens feraient moins attention à ma médiocrité si j’enlevais des vêtements… »
Médiocrité ? Où tu as fais d’énormes progrés en hoop depuis ou tu es trop modeste ^^
C’est beau ça, le burlesque qui fait (re)venir les hommes…
Stella Polaris
J’étais là pour tes premiers pas ! 😉
Bon, personnellement je n’ai jamais sauté le pas du burlesque, mais je peux raconter la première fois que j’ai posé pour Dr. Sketchy. C’était l’hiver, le thème était « Hommage à Frida Kahlo », et nous avons appris quelques heures avant la séance qu’un de nos modèles (Lada Redstar, pour ne pas changer) était bloqué par les grèves ferroviaires. Il fallait trouver une remplaçante au pied levé, et j’ai été désignée volontaire ! L’angoisse… mais pas mal d’excitation aussi. Le bilan : je peux le faire ! Mais j’ai le chic pour prendre des poses difficiles à tenir, comme j’ai pu le confirmer en posant pour le thème « Steampunk » quelques mois plus tard… où j’enlevais le haut (ou presque) pour la première et jusqu’ici dernière fois 😉 Moi, si on ne me motive pas avec des harnais rétrofuturistes, hein…
Sucre d'Orge
Ah oui, je me rappelle de cette séance Frida. Je n’y étais pas mais j’ai eu le récit de l’épopée. 🙂
En fait, il faudrait trouver un plan où tu puisses porter ces harnais et bouger en même temps… De la déambulation dans un donjon ? Hin Hin.
Stella Polaris
Hum… n’importe quand dans le désert ? 😉
Sucre d'Orge
Bien vu ! ^^
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