Enfant, j’ai beaucoup fantasmé sur les sirènes.
En bateau, je les guettais en même temps que les dauphins. Sous l’eau, je m’imaginais les rejoindre. Dans mon bain, je songeais à ma métamorphose.
Le 1er Avril est le jour idéal pour s’adonner au culte des naïades !
La Sirène, cette version glamour de l’autisme
Ma première rencontre avec le monde merveilleux des sirènes a du se faire avec un vinyle que ma grand-mère passait avant ma sieste. C’était l’histoire de la Petite Sirène, contée sur fond de grands accords de harpe.
Mon amour pour Debussy a d’ailleurs du être conditionné à ce moment là. J’ai retrouvé plus tard ces profondeurs sonores en écoutant Gaspard de la nuit ou les Préludes.
Je rêvais de ce monde sous-marin et des jardins aquatiques de la petite sirène. Elle était belle, solitaire, romantique et naïve. Il ne m’en fallait pas plus pour fantasmer.
L’été, je plongeais sous l’eau en m’imaginant rejoindre les naïades, mais le manque d’air me rappelait toujours à la réalité.
Le disque était accompagné d’un livre illustré. C’était une version un peu dark du conte d’Andersen. Les sirènes y étaient serpentines, aux cheveux longs et aux interminables queues vert émeraude. La mer était sombre et profonde, la tempête ravageuse, le bateau du Prince massif.
A la fin, la petite sirène et ses sœurs se transformaient toutes en papillons et je pleurais à chaque fois.
Mais quelle idée aussi que de quitter la mer pour un homme ? On est si bien sous l’eau, portée par le courant, dans le silence.
Elle aurait voulu pleurer, mais les sirènes n’ont pas de larmes et n’en souffrent que davantage.
J’aime beaucoup le dessin ci-dessus. Il représente bien l’idée que je me fais d’une partie de l’enfance où on est le témoin envieux et impatient de la vie adulte. A travers le mur de la chambre, entre les barreaux de l’escalier, on tend l’oreille et la fête semble belle et irrésistible.
Mais la petite sirène n’y accède pas sans peine, c’est au prix de sa voix et d’atroces souffrances qu’elle met le pied à terre. Une façon de prévenir les jeunes lecteurs de la difficile adaptation qui les attend ?
Allô, oui bonjour, c’est Sucre d’Orge, j’aimerais parler au Docteur Bruno Bettelheim s’il vous plait !
J’aimerais retrouver ce livre chez ma grand-mère, c’est fascinant de parcourir à l’âge adulte les images et les textes qui nous ont impressionnés quand on était enfant.
L’amour impossible
La sexualité des sirène reste très mystérieuse. Cette queue de poisson semble être une impasse rendant vaine toute union.
Pourtant, j’ai fait un rêve érotique de sirènes et de tritons. Je me souviens que leurs queues étaient divisées en deux et qu’entre ces deux queues, l’amour était possible.
Je suis tombée plus tard sur ce genre de représentation. J’avais sans doute du déjà les croiser et mon rêve venait probablement de là.
Splash
Et puis il y a eu Splash et la belle Darryl Hannah.
Le nombre de fois où j’ai pris un bain en imaginant qu’ une grande queue se déploierait dans ma baignoire !
Elle me faisait rêver : elle était jolie et en plus elle avait l’air contente. Elle souriait tout le temps, comme si le fait d’avoir une queue la rendait infiniment plus heureuse que la moyenne des new-yorkais. (Freud et/ou Woody Allen se réjouiraient de lire ces lignes)
Fish Tease
Pour compléter ce panthéon, il faudrait aussi évoquer Ariel et les sirènes de Peter Pan.
D’ailleurs, l’un de mes premiers émois de Showgirl a été provoqué par la vision de leurs coquillages soutien-gorge parfaitement assortis à leurs écailles. Sans parler d’Ursula qui me semble être l’icône burlesque rêvée …
Cliquez sur les images pour les agrandir
Je dois aussi mentionner cette pub Levis que j’ai adorée : Les Sirènes (1997)
Inspirations
Cliquez sur les images pour les agrandir
Je vous laisse avec une chanson de mon âme soeur Delphine Volange, intitulée « Sirènes ».
N’hésitez pas à partager vos fanstasmes enfantins dans les commentaires, qu’il s’agisse de sirènes, de licornes, d’elfes ou de Patrick Swayze !
Un grand merci à Pinterest où j’ai trouvé toutes ces belles illustrations !
Vous pouvez me suivre ici sur Pinterest et là sur Instagram que j’ai (enfin) rejoint.
Tom de Montmartre
Je suis un grand fan des sirènes aussi, depuis tout petit, de ma culture bretone avec ces sombres légendes, aux Barbie sirènes kitchs et passnat par Ariel…
Donc je te dis Super ton article!!!!
Il y’a peu, j’ai lu un article qui citait des phrases de la mains de Andersen lui même qui expliquait que « la petite sirène » était l’alégorie de son homosexuelité, l’amour impossible, le dévouement vain et la soufrance d’evoluer dans un monde où il ne trouvait pas sa place, et donc « faire semblant »…comme la petite sirène qui tout au long du conte sourit et feind la joie…
il faudrait que je retrouve ce billet pour te le partager
merci pour ton article en tout cas, ca fais rêver et voici deux liens d’une chanson que j’adore « Le chant des Sirènes » de la chanteuse RoBERT <3 le premiers avec les images de Pirate des Caraïbes
et l'autre un live 🙂
https://www.youtube.com/watch?v=i0acU_qoQoA
https://www.youtube.com/watch?v=NbPaIE7RGZE
Sucre d'Orge
Merci Tom pour cette plongée onirique !
Je n’ai encore jamais vu Pirate des Caraïbes, mais je vais me rattraper, ces sirènes me plaisent bien.
C’est intéressant ce que raconte Andersen, j’aimerais beaucoup lire l’article.
Sinon, j’ai sur mon étagère la Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim, mais je ne suis pas sûre qu’il parle de la Petite sirène…
Et sinon, j’attends de voir ton Triton ! 🙂
lillusgraphie
Bel article pour ce premier avril!
À l’origine, ces femmes-poissons étaient des femmes-oiseaux. C’est à partir du X e Siècle, qu’elles perdent leurs ailes et tombent alors dans la mer tel un ange déchu. Dans la mythologie se sont des êtres cruels comme le « Kelpie », (une créature métamorphe issue du folklore écossais et irlandais), possédant des caractéristiques aquatiques, humanoïdes mais aussi chevalines selon la transformation choisie pour séduire les humains, les « chevaucher » (très sexuel tout ça ;)), puis les noyer. Les histoires de Nymphes (légendes grecs) ou d’Ondines (Merci à l’Alsace, qui donna naissance à un conte d’une beauté mélancolique à en inspirer plus d’un) sont des dérivés de représentation de « Courtisanes ». Et oui, rappelez-vous, c’est le métier le plus vieux du monde, tantôt femmes galantes, scandaleuses, cocottes, lettrées, idéalisées, ou repoussées. Ces femmes devenaient des muses pour donner meilleurs réputations à leurs clients. Mais revenons en à la Sirène, il faut attendre la renaissance pour les voir évoluer en protectrices des mers. La sirène représentée avec une queue divisée à l’entre jambe, semblerait provenir d’après certains historiens de Alienor d’Aquitaine qui donna le nom de « Mélusine » à la Dame des eaux ». Enfin, cette représentation reste d’actualité avec une enseigne verte, très connue, pour ne pas citer de nom, qui vend du café. Son créateur Terry Heckler a été inspiré par une gravure scandinave du XVIème siècle et en créa son fameux logo.
Mélusine, Ariel, Ondine ou encore les Marie Morgane (Bretonnes) ont toutes le même rôle, celui de séduire les hommes… Les coquines!
Alors quelle sirène sommeille en vous? 😉
Sucre d'Orge
Quelle sirène sommeille en moi ?
Hum… Une sirène joueuse, qui caresse les algues et parle aux poissons, chatouille les jambes des messieurs l’été, lors de leurs bains et s’en va en chantant dans son jardin secret. 🙂
C’est fascinant toutes ces formes de sirènes ! Celle à la double queue m’intrigue vraiment. Je vais creuser ta piste d’ Alienor d’Aquitaine.
En fait, j’ai écrit cet article comme un long délire sur un ressenti et des impressions, sans prendre le temps de me documenter plus que ça. Mais c’est super d’avoir ces informations de la part de mes lecteurs ! Merci beaucoup pour ce partage !
Sunalee
Juste un court commentaire pour dire que depuis des années je suis passionnée et intriguée par les « mermaid shows » des Etats-Unis. Cet article explique de quoi il s’agit: http://www.collectorsweekly.com/articles/the-real-mermaids-of-san-marcos-texas/
ainsi qu’un début de rassemblement de photos: https://www.pinterest.com/misssunalee/from-the-deep-blue-sea/ (certaines d’après Stella Polaris d’ailleurs)
Sucre d'Orge
Oh, merci pour ces photos et pour cet article. Voila qui va nourrir mon inspiration et mes rêves pour quelques temps encore !
Stella Polaris
Fais-moi penser : j’ai un bouquin sur les sirènes à te prêter ! Ca parle de ces histoires de double queue etc. (mais je l’ai lu il y a trop longtemps pour me rappeler exactement ce qui était dit).
Sucre d'Orge
J’ai lu sur ton blog que tu avais renouvelé ton abonnement à la barre au sol…donc… autant d’occasions de récupérer ce précieux livre 🙂
Lila Chupa-Hoops
Sans grande suprise, je suis aussi attirée par les sirènes… J’ai également un dossier iconographique dans mon ordinateur qui dort depuis plusieurs années.
Pour ma part, j’étais plutôt branchée bestiaire médiéval à l’époque, fascinée par les chimères ! Ma préférée étant la Gorgone. Je dois aussi pouvoir te trouver un livre de poche illustré sur les sirènes, assez historique, vestige de mes années Ecole du Louvre. On retrouvait parfois la sirènes à 2 queues sculptée sur les églises médiévales, tu retrouves d’ailleurs ce motif dans le logo starbucks je crois, je suis curieuse du pourquoi !
A 18 ans, j’ai voulu me faire tatouer une sirène en Diane chasseresse, tirant à l’arc vers la lune. Puis, je me suis extasiée sur un détail du Jardin des Délices de Bosch au Prado, où une sirène tend les bras à son triton en armure (sirenes + armures = mes 2 passions). Au final, j’ai fini par m’encrer sur la cuisse une sirène all’antica, à la queue en feuilles d’acanthes et tenant à bout de bras les cheveux serpentins d’une gorgone décapitée, tirée d’un casque d’armure italien du 16e siècle.
Comme je l’ai dit… Je suis un peu moins dans le romantisme que dans le macabre 🙂
J’aime la façon dont un objet, une peinture ou un souvenir peut nous coller à la peau !
Sucre d'Orge
Je ne savais pas que tu avais fait l’Ecole du Louvre !
En fait, n’aimant pas le café, je ne vais jamais chez Starbucks et je n’avais pas vraiment fait attention à leur logo. Mais c’est vrai, il y a cette sirène à deux queues. Peut-être y a-t-il un message caché là-dessous…
« sirenes + armures = mes 2 passions »
🙂
Je veux voir ton tatouage de plus près ! Avec les jupes et les collants résilles, je ne l’ai jamais vu et il me rend curieuse…
Dessins petit format
[…] au Leica, inspiré par un autoportrait de la belle Sucre d'Orge : je crois que c'est son goût des sirènes qui m'a donné envie d'ajouter ce coquillage (ou bien son pèlerinage de cet […]
Terryjil
Bonjour, j’aime beaucoup votre article: on sent qu’il y a une réflexion personnelle derrière, que ce n’est pas juste un copié-collé de wikipedia ou d’autre sites sur les sirènes et c’est très intéressant.
Je voudrais vous signaler, si vous ne l’avez pas déjà lue, une bande dessinée récente tout à fait sympa et presque muette: Betty Boob ( de Vero Cazot et Julie Rocheleau), l’histoire d’une jeune femme qui a du subir une ablation du sein suite à un cancer. Cette ablation lui fait perdre pratiquement tout de sa vie d’avant, mais elle rebondit grâce à des artistes de cabaret burlesque, tout/es différents, parmi lesquel/les figure une sirène dévoreuse… oui, voilà pourquoi j’en parle 🙂
Et j’aime beaucoup la chanson de Delphine Volanges, qu’on peut interpréter de plusieurs façons différentes, elle est vraiment très réussie et mériterait de passer plus souvent à la radio!
Bonne continuation à vous!
Sucre d'Orge
Merci Terryjil,
On m’a parlé de cette BD mais je ne l’ai pas encore lue. Merci de m’y refaire penser 🙂
Je suis bien d’accord pour la chanson de Delphine Volange !
Hop, j’en partage une autre que j’aime beaucoup, « Au Feu » :
https://www.youtube.com/watch?v=zcyRheCwCjk