C’est à Versailles je crois, que j’ai entendu parler pour la première fois de l’atelier de costumes des Vertugadins. Louise Ebel, aka Miss Pandora et ses amies avaient fait appel à eux pour s’habiller lors du bal organisé par le château. J’adore la série de photos faite à l’époque par Louise (à voir ici), inspirée entre autres par le Marie Antoinette de Sofia Coppola. J’avais eu la chance de danser dans l’Orangerie en compagnie des danseurs de Blanca Li et la nuit s’était finie très tôt dans les bosquets aux côtés de l’incandescente Isadora Gamberetti. Un doux souvenir !
Quand Stéphane Casali, le photographe attitré des Vertugadins (l’atelier d’en face,un jour dans le temps ), m’a proposé de venir poser avec mon luth, j’ai sauté sur l’occasion…pour enfiler un costume d’homme.
J’ai vu récemment Orlando avec Tilda Swinton et j’avais envie de m’inspirer de son personnage renaissance. Je trouve si beaux les costumes renaissance masculins que l’on voit sur les tableaux. En velours, ils ont l’air si douillet, alors que les robes de l’époque me font mal rien que de les voir. D’ailleurs, les luthistes féminines sont le plus souvent représentées en déshabillé ample. Je m’imagine mal jouer dans ces corsages qui semblent si raides et offrir si peu de mobilité aux épaules.
Du coup, j’ai eu droit à ce joli ensemble vert, culotte et pourpoint – aussi confortable que prévu. Ce qui n’était pas prévu par contre, c’était le lapin posé par la makeup artist le matin même. Alors que je pensais être prise en main (pour une fois !), j’ai du me débrouiller toute seule pour me coiffer et me maquiller, mais sans matériel, puisque je n’avais rien pris avec moi. Je me suis rabattue sur quelques effets stockés dans une boîte à chaussure de l’atelier : verni à ongle violet à paillette, poudre, un rouge à lèvre et quelques épingles à cheveux. J’ai un peu paniqué mais finalement c’était suffisant pour faire ce look de petit page. Mieux valait ne pas en ajouter plus de toute façon pour rester « histo ». J’ai mis du rouge à lèvre sur les joues et les paupières et j’ai enroulé mes cheveux au mieux. Je suis plutôt contente du résultat !
Pendant que l’équipe mettait en place le décors, je leur ai fait un petit concert privé, histoire de répéter mon récital polisson. Mon luth était content et le public n’a pas montré de signe manifeste de souffrance…
Et puis parce que le naturel revient toujours et que le velours tient chaud, j’ai fini par enlever quelques épaisseurs et laisser libre cours à mon ascendant Mylène Farmer.
Je crois que ces deux dernières photos pourraient faire la couverture d’un album imaginaire : Weeping with Dowland ou Lute & roses. J’aime bien m’amuser des excès mélancoliques de la musique renaissance et de leurs adeptes (ils en font parfois vraiment beaucoup trop, mais c’est si bon !). Et dans le genre humour et musique ancienne, j’ai découvert récemment les très drôles dessins du luthiste Vincent Flückiger, qui porte un regard aiguisé sur son milieu de baroqueux. Vous pouvez le suivre sur sa page L’ambiance va être chouette.
Quelques inspirations
L’incontournable Joueur de luth, de Caravage, 1595 :
Dans l’ordre, Homme accordant son luth de Rubens, The lute player de Giovanni Cariani, Les anges musiciens de Marco d’Oggiono et The lute player de Valentin de Boulogne, il s’agit d’un jeune soldat jouant du luth :
Joueur de luth, Francesco Salviati, 1529, musée Jacquemart-André. Il semble que ce soit le portrait de Jacquet du Pont, un luthiste français, protégé du cardinal Giovanni Salviati :
Illustration de la leçon d’humilité que reçoit le luthiste tentant de se faire entendre dans un ensemble, par Vincent Flückiger :