Danse : Empty moves (parts I, II & III) d’Angelin Preljocaj

Cette semaine, je suis allée voir de la danse contemporaine au Théâtre de la Ville : 1h45 de créativité et d’exploration entre quatre danseurs en petites tenues.

Inventivité, jubilation et décontraction au programme !

 J’ai aimé :

  • Les looks

Les danseurs portaient des T-Shirts dignes de figurer dans la série « The flight of the Conchords » et des slips couleurs bonbons. Mention particulière aux culottes « spéciales règles » des danseuses, de celles que l’on ne sort qu’au mois d’août au camping.

« Sauve un thon, mange un requin »

L’ensemble donnait beaucoup de fraîcheur aux tableaux et rendait le quatuor immédiatement sympathique.

  • L’ambiance coloc’

Les danseurs étaient à l’aise, se souriaient, se tripotaient, se roulaient parfois dessus… Cela m’a immédiatement évoqué une ambiance de joyeuse colocation étudiante.

« Mais non tu n’as rien ! »
  • L’inventivité

Passons aux choses sérieuses, Angelin Preljocaj nous donne en 1h45 toutes ses bonnes idées chorégraphiques : 36 façons de porter un corps, 57 manières d’attraper un bras… Tous les points possibles d’appui et de prise des corps sont exploités, ce qui donne lieu à des portés des plus originaux.

Les corps s’enjambent, s’escaladent, se déplacent et changent en permanence d’état, passant de la mollesse à l’épilepsie, de l’élasticité à la rigidité.

« Elle s’est encore mise minable hier soir on dirait… »

J’ai particulièrement aimé les glissades façon otaries, lorsqu’un danseur s’allongeait sur le dos d’un autre et se laissait glisser au sol comme sur le bord d’un bassin.

« Heu, vous êtes sûr qu’elle se monte comme ça cette armoire IKEA ? »

  • L’endurance

Sacré performances pour ces corps qui se démènent sans jamais sortir de scène. J’ai bien aimé voir l’effort transparaitre au détour d’une frange qui commence à coller au front ou d’un petit temps mort entre deux sauts.

  • La musique

Il y a une question que tout le monde se pose à la fin du spectacle : « Comment font-ils pour retenir tous ces enchaînements sans aucun repère musical? »

Empty moves est dansé sur l’enregistrement d’une performance de John Cage à Milan, en 1977, intitulée Empty Words, au cours de laquelle l’artiste débite très lentement des mots transformés en onomatopés. Sa voix est vite couverte par les cris et les hurlements du public scandalisé qui lui lance des « Go back to America! », « Assassino! ».

C’est assez amusant quand on sait que, pour Cage, aucune hiérarchie ne peut être faite entre le son, le bruit et le silence et que tout ce qui s’entend fait partie de l’œuvre.

  • Les corps

Oui, la danse contemporaine a pour ambition de faire danser tous les corps et j’aime toujours voir des danseurs trapus sur scène, ça change des physiques de l’Opéra de Paris.

Les mouvements ressortent différemment et paraissent plus accessibles. C’est un effet pervers d’ailleurs déjà vu dans le burlesque : ça ne vous rappelle rien cette idée que, sous prétexte que le performeur a le même corps que tout le monde, tout le monde peut en faire autant ?

En tout cas, cette chair en mouvement donnait envie de danser !

Inspirez, dansez !

Voir ce genre de laboratoire vivant me motive toujours pour expérimenter des choses et des mouvements nouveaux.

Mais je me connais, je reste souvent bloquée au bout de quelques minutes, inhibée par la musique et les codes burlesques, mon corps, mon costume… C’est comme si je voulais faire un grand écart mais que je portais une combinaison zentai en jean. Pas facile de sortir de soi-même.

 

Voici un aperçu du ballet :

Vous pouvez encore voir Empty Moves (Parts I, II & III) jusqu’au 28 février !

9 commentaires sur “Danse : Empty moves (parts I, II & III) d’Angelin Preljocaj

  1. Alia

    Répondre

    Wow, ça a l’air très beau!
    Je ne savais pas que Preljocaj faisait des chorégraphies si « contemporaines ». Je ne connaissais qu’une de ses compositions, « Le Parc », qui est bien plus conventionnelle (elle fait partie du répertoire de l’Opéra).
    Et je comprend très bien ce « blocage » que tu ressens… J’ai fait de la danse classique pendant des années, je crois que je ne pourrai plus jamais bouger mon corps de façon normale hahahah

    1. Sucre d'Orge

      Répondre

      Merci Alia pour ton commentaire 🙂

      J’ai vu aussi « Le Parc » à Garnier, mais dans de mauvaises conditions, c’est-à-dire au dernier rang du dernier balcon et le même jour que « La Belle au bois dormant », hasard malheureux du calendrier. J’étais à bout…
      L’an dernier j’avais vu « Ce que j’appelle oubli » et je n’avais pas trop accroché, c’était très particulier de par le thème du ballet.
      J’adorerais voir « Blanche Neige » !
      Et je me souviens aussi de « Siddhârta » qui était assez beau, à Bastille je crois.

      Là, c’était très différent en effet et très « fun », je ne me suis pas ennuyée une seconde, un peu comme devant un très bon One Man Show, où du début à la fin tu es pris par le propos.

      Pour le blocage, j’y vois plusieurs choses :
      – le corset classique,
      – mais aussi mon manque de compétence chorégraphique en général
      – et (surtout) le cadre burlesque, que je peux décrire ainsi en l’ éxagérant un peu :
      *à la fin, il faudra quand même avoir un beau costume, l’enlever et de préférence sur une musique sympa*.
      Et ça suffit à me limiter !
      Mais je sais que quelqu’un de plus brillant déchirerait ce zentai de jeans en 2 minutes !

      J’aimerais bien trouver un cour intéressant de danse contemporaine pour évoluer un peu… S.O.S lancé ^^

  2. Caroline

    Répondre

    Ce que j’aime particulièrement dans la danse contemporaine, c’est l’utilisation, la vie, la pluralité de la respiration…Et l’absence de musique ne la mettait elle pas particulièrement en valeur?

    Merci pour ce billet.

    1. Sucre d'Orge

      Répondre

      Disons qu’il y avait une musique, tout de même. Contemporaine, abstraite certes, mais les danseurs n’évoluaient pas en silence.
      Du coup, je n’ai pas pu entendre tant que ça leur respiration. Mais on pouvait la voir ! Surtout vers la fin, quand ils étaient à bout de souffle.

      Tu as déjà fait de la danse contemporaine ?

      Merci pour ton commentaire 🙂

  3. cathy

    Répondre

    Bonjour
    Au risque de choquer tout le monde je trouve que tes commentaires sont drôles et bien plus intéressant que les chorégraphies de Preljocaj. Suis-je trop vieille!
    Je me suis ennuyée en regardant le Parc ou blanche neige mais je ne m’ennuie jamais en te lisant.

    1. Sucre d'Orge

      Répondre

      Ahah ! Pauvre Angelin…
      Bon, en tout cas, j’accepte ton compliment avec grâce et, je l’espère, en dehors.
      🙂

  4. Sunalee

    Répondre

    C’est tout à fait le genre de mouvements que j’aime. J’adore la danse contemporaine et parmi mes nombreux projets, je me dis que je devrais retourner à des spectacles, surtout que pour cela, Bruxelles est un centre important qui héberge de nombreuses compagnies connues.
    Dans celui que tu montres, je pense que j’aurais eu du mal avec la bande son mais peut-être pas.

    1. Sucre d'Orge

      Répondre

      Oui, la bande son était gratinée. Mais il faut le voir comme quelque chose d’historique… Dans l’ensemble, ça allait.

      La Belgique semble en effet bien servie en matière de danse contemporaine. Un ami est allé voir ça récemment :
      http://www.theatre-bastille.com/saison-13-14/les-spectacles/hors-serie-n7/still-standing-you
      Made in Belgium et bien costaud… ^^

      1. Sunalee

        Répondre

        J’ai été voir le lien, et oui, effectivement !

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