Du pouvoir d’attraction du latex sur les êtres sensibles

Le mois dernier, j’ai porté ma première robe en latex. A la fin de la soirée, après plusieurs heures d’observation et d’étude, j’ai ébauché cette théorie :

Tout être sensible, mis en présence d’un corps moulé dans du latex, est soumis à une puissante force d’attraction.

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Mary Blade se réjouissant de cette avancée scientifico-fétichiste

A vrai dire, j’ai été la première à succomber à l’attrait de cette matière et c’est encore toute émue de ce coup de foudre que j’écris ce récit.

Latex sous haute tension

J’ai acheté cette robe un peu sur un coup de tête. Cela faisait longtemps que je voulais passer à l’atelier de Mademoiselle Ilo, pour voir ses créations en latex, mais je repoussais sans cesse ma visite faute de temps. Et puis un vendredi soir, j’ai poussé la porte de sa boutique et j’ai essayé à peu près tout ce qu’elle avait dans ma taille. Je suis ressortie plus d’une heure après avec sa robe Mondrian dans mon sac et un sourire de gamine sur le visage.

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La fameuse robe Mondrian d’Yves Saint Laurent. La mienne est beaucoup plus près du corps…

J’avais tellement hâte de l’étrenner que j’ai décidé de la porter le lendemain, pour me rendre à la soirée rétro de La Coupole. Je l’ai essayée une nouvelle fois avant de partir. En remontant sa fermeture éclair, j’ai eu la même émotion que lorsque j’ai été serrée pour la première fois dans un corset. C’était une expérience nouvelle, hautement esthétique et, je dois l’avouer, un grand délire autoérotique. Centimètre après centimètre, je voyais le latex se coller à mes hanches, ma taille puis ma poitrine, sans laisser le moindre espace ni le moindre pli se former. J’avais l’impression que la robe avait été moulée sur moi.

J’ai fait quelques pas, j’ai pris une ou deux poses face au miroir et, l’espace d’un instant, j’ai éprouvé une vague gène : c’était indécent d’être à ce point satisfait de son reflet ! Encore un peu et j’allais me transformer en narcisse de latex sur mon parquet. Mais ma coupable extase a brutalement été interrompue.

Un éclair… puis la nuit ! – Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

Charles Baudelaire

Dans un grand fracas, je me suis retrouvée dans le noir le plus total : l’ampoule de ma chambre en surchauffe venait d’exploser et avait fait sauter les plombs de tout l’appartement. Ma vanité était punie !

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Dies Irae !

Un peu sous le choc, je me suis dirigée à petits pas vers le compteur électrique, toute empêchée dans mon fourreau Mondrian. C’est en remettant le jus que j’ai vu l’ampleur des dégâts : le sol et mon lit étaient entièrement recouverts des bris de cette émotive ampoule. Visiblement, ma robe produisait un certain effet… Je l’ai retirée avant d’être à nouveau frappée par la colère divine et j’ai humblement ramassé les éclats de verre.

With a little help from my friends

En arrivant saine et sauve à la Coupole, mes amies Olympe et Sorrel m’ont conduite à l’écart* pour enfiler ce diabolique atour.

Elles m’ont amenée dans les vestiaires du restaurant ; les vestiaires masculines pour être plus précise. Simple erreur d’orientation à les en croire. Quels fous rires elles ont eu pendant que j’ajustais ma robe au milieu des allers-retours des serveurs. J’ai cru qu’elles allaient s’étouffer quand l’un d’entre eux, en sortant des toilettes, m’a vu étaler du lubrifiant sur la divine création (je parle de la robe) pour la faire briller.

Bref, il était temps de faire mon entrée, que j’espérais remarquée, mais moins explosive que dans mon appartement.

*Séduire/seducere en latin, signifie précisément conduire à l’écart. J’aurais du m’en rappeler avant de suivre ces deux coquines.

Les lois de l’attraction

Remarquée, cette robe le fut. Je dirais même plus vénérée : j’ai eu l’impression d’être une vache sacrée tout au long de la soirée.

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« Tu es trop jeune pour le latex petit ! »

J’ai pensé à ce moment, dans le film Alice de Woody Allen, où Mia Farrow boit la potion de son médecin chinois et devient tout à coup irrésistible, centre de l’attention de tous les hommes subitement fous d’elle. En fait, en portant cette robe en latex, j’ai remarqué un changement dans les regards à mon égard. Certains, même les plus insoupçonnables, se sont éclairés d’une lueur peu commune. Et combien d’inconnu(e)s sont venu(e)s me voir pour me complimenter et … me toucher ! Ils semblaient incapables de retirer leur main du latex glissant et babillaient comme des enfants. Il faut dire que le lubrifiant silicone dont j’avais enduit la robe pour la faire briller devait rajouter à son attrait tactile. Pour ma part, je me sentais comme un marsouin échoué, brillant sous le jet d’eau des sauveteurs.mondrian mondrian2

Sorrel a remarqué que de nombreux hommes me regardaient avec de grands yeux en tapant sur l’épaule de leurs copines : « Tu as vu la robe ! Tu ne voudrais pas en avoir une pareille ? » Et de fait, bon nombre d’entre eux sont venus me demander où je l’avais achetée.

De belles tenues, j’ai eu la chance d’en porter beaucoup, mais croyez moi, jamais aucune n’avait encore produit un tel effet !

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le latex*

*Sans jamais oser le demander

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La scientifique Margaret Headfield a beaucoup écrit sur le sujet

L’habillage

Il est recommandé de bien talquer l’intérieur de la tenue pour faciliter son enfilage. Ensuite, il faut l’enduire d’un produit adapté pour la faire briller : un lubrifiant à base de silicone fait l’affaire.

Mademoiselle Ilo m’a aussi dit qu’il était possible de mettre du lubrifiant à l’intérieur de la tenue pour la mettre plus facilement, mais dans ce cas évitez le lubrifiant à base d’eau qui pourrait venir se mêler à votre transpiration et l’intensifier.

La sensation

A ce qu’il parait, il y a ceux qui l’aime et les autres. Pour ma part, je pense qu’il est possible de porter du latex en petite quantité sans éprouver d’inconfort. J’ai préféré commencer avec une robe courte et dos nu pour ne pas prendre le risque de me sentir étouffée dans quelque chose de trop couvrant. Le raisonnement est aussi valable pour les corsets : pour les premières fois, je pense qu’il faut passer par le stade débutant sous peine d’être découragé et de renoncer à jamais à ces plaisirs doux-amers.

Ce soir là, j’ai aimé le contact du latex, la sensation d’être gainée et magnifiée par son galbe. La matière n’est ni chaude ni froide et prend la température du corps. J’ai eu l’impression de porter une sorte d’armure du futur, très fine et pourtant très résistante, près du corps sans être impudique, révélatrice mais n’offrant aucun accès.

La transpiration

Le latex est une matière qui ne respire pas et elle est donc connue pour faire transpirer abondamment. Il parait que sous les robes longues se forment parfois de véritables piscines de sueur. Ma robe étant courte et l’ayant portée en plein hiver, j’ai plutôt eu froid et je n’ai pas du tout transpiré. Je découvrirai sans doute ces joies au printemps.

Le conseil de Mademoiselle Ilo : les tenues longues en latex transparent sont très belles en photo mais beaucoup moins glamour après quelques heures : de petites bulles de transpiration se mettent à courir partout le long du corps et donnent lieu à des effets visuels improbables.

L’entretien

La simplicité d’entretien du latex est très séduisante : après chaque usage, il suffit de le plonger dans l’eau tiède en y ajoutant un peu de liquide vaisselle. Pas besoin de frotter, pas besoin de laisser tremper. Après rinçage, il faut le faire sécher à l’air libre, loin des sources de chaleur et le tour est joué. Enfin, la tenue doit être bien talquée sur ses deux faces avant d’être pliée et rangée dans un sac en plastique à l’abri de la lumière. Si vous suspendez votre robe dans une housse c’est encore mieux. Fini le pressing, fini le fer à repasser !

Le conseil de Mademoiselle Ilo : bien isoler chaque pièce en latex les unes des autres mais également des autres habits pour éviter tout transfert de couleur. Le talc est indispensable : sans lui la matière se colle à elle même et c’est une catastrophe. Éviter aussi tout contact avec du métal qui pourrait tacher le latex.

Finissons avec ce bon mot de grand-mère :

Si ce n’est pas bon pour un préservatif, ce n’est pas bon pour votre vêtement en latex.

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Remets-toi Xavier, ça fait toujours ça la première fois !

Contacts

*Il se raconte qu’il fut un temps où les beaux jeunes hommes pouvaient s’y faire une fortune en demandant un « lait fraise » au bar. A bon entendeur…

 

8 commentaires

  1. Merci !!! En plus d’une ravissante personne, d’une cliente charmante, je découvre une plume délicieuse ! Vos mots sont très plaisants à lire et … merci de me recommander :-)
    A très vite,
    Ilo

  2. Bonjour,
    En lisant le titre de cette rubrique, je me suis senti obligé d’y répondre. En effet le latex et le caoutchouc m’ont attirés dès mon plus jeune âge.
    J’ajouterai en plus de votre texte très fourni, que le latex procure des sensations de plaisir des plus agréables.
    Merci de votre contribution à un sujet souvent ignoré.
    Meilleures salutations,
    Michel

    1. Merci Michel pour ce témoignage !

      J’avoue ne pas toujours apprécier le contact du latex, j’ai parfois froid, d’autres fois que je suis inondée de transpiration.
      Les premières vingts minutes sont en général les meilleures.
      Mais mis à part ces inconvénients, j’adore me sentir légèrement comprimée et gainée par cette matière.

  3. Je pense que le pouvoir du latex est l’anonymisation. La force de devenir n’importe qui et n’importe « quoi ». Une seconde peau, un inconnu. Je suis un homme et voir ma femme vêtu de latex c’est comme la redécouvrir. Le plaisir d’être quelqu’un d’autre. Le plaisir de tromper sa femme avec sa femme.

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