Une semaine à Hong Kong

En transit entre la Chine continentale et l’Australie où je devais danser 10 jours plus tard, je pose mes (lourdes) valises à Hong Kong. Une semaine pour faire corps avec les lieux et visiter au passage l’équipe du China Daily pour lequel j’écris. Hong Kong est une ville verticale. Concentrés sur quelques îles, perdus au milieu de la jungle, des immeubles transparents s’élèvent jusqu’au ciel brumeux. L’humidité est votre hôte. Marchez entre ces colosses de verre et humez l’air marin. Les signes sont partout, un tramway à impériale s’enfile dans l’avenue, les boui-boui bruissent, les arbres aussi.

Cet article est une série de cartes postales que je vous envoie à mon retour. Vous y trouverez quelques bonnes adresses, mais surtout un chapelet d’aventures et d’impressions encore chaudes de mon périple :

Une soirée à l’hippodrome

Tous les mercredi soir, à Happy Valley, ont lieu des courses de chevaux. J’y suis allée le lendemain de mon arrivée, je logeais juste à côté. L’hippodrome est l’un des lieux emblématiques de la présence anglaise à Hong Kong. De l’extérieur, on croirait un stade. Après avoir passé ma carte Octopuss pour payer l’entrée, j’arrive dans un immense espace ouvert sur la nuit noire, bordé de hauts gradins d’argent et donnant sur des buildings éclairés de l’intérieur. L’herbe est verte fluo sous les néons, les gens se pressent pour trouver une place contre les balustrades. Dans l’air, une voix de marchand de poisson grésille et annonce l’ordre d’arrivée de la dernière course. Un écran géant en repasse en boucle les moments cruciaux.

Avec Natacha, l’amie avec qui j’étais ce soir-là, on trouve une brèche sur le champ de course. Les stilettos s’enfoncent dans la terre souple. À côté de nous, un garçon nous parle en français. Il vient de Nouvelles-Zélande visiter sa sœur qui vit là depuis plusieurs années avec ses enfants. Toute sa famille est réunie à côté. Il nous montre la liste des courses à venir. Les noms des chevaux sont à la hauteur de mes espérances : un savant mélange entre capitalisme chinois et pornographie des années 1980. Money Boy, Moment of Power, Encore Boy, Pakistan Baby… On mise sur ceux présentant les plus belles croupes (déformation professionnelle) et Natacha gagne. Son gain est immédiatement transformé en bière.

Ce jour-là j’étrenne une robe achetée à Pékin. Je ne suis pas sûre qu’elle soit vraiment très jolie, mais je trouve qu’elle me va bien. Toute en rouge, sur le gazon vert, je détonne et me fait photographier par une jeune chinoise, travaillant soit-disant pour un site internet de mode hippique, fastrack.

Comment y aller ?

2 Sports Rd, Happy Valley, tous les mercredi de 19h à 22h de septembre à juin, 10 $HK. Astuce : payez l’entrée en passant votre carte Octopuss aux tourniquets.

Les îles

Quand j’étais venue il y a 10 ans à Hong Kong, j’avais été très impressionnée par Lama Island. À chaque fois que j’évoque ce souvenir, le sourcil de Natacha se hausse et sa réponse commence par un long soupir, un peu agacé. Elle n’aime pas Lama. Il y a trop de hippies, de bobos et de touristes français. Cette fois-ci, j’ai donc décidé d’aller sur une autre île. David, le néo-zélandais rencontré aux courses, m’a invitée à partir avec sa famille sur Peng Chau Island, beaucoup moins peuplée les week-ends que les autres îles, plus petite et traditionnelle. Après une course effrénée pour arriver à temps sur le quai du ferry boat, j’ai embarqué avec eux. Le ciel était couvert, l’humidité à son comble. Le ferry aux vitres fermées glissait sur la baie de Hong Kong.

On a commencé par marcher le long de la côte. Comme partout en Chine, le chemin est goudronné. Mais tout autour les arbres exultent. Au détour du sentier on arrive parfois sur quelques minuscules plages. De là, la vue sur la ville change. Après une heure de promenade, parfois compliquée par la poussette, on revient au niveau du port.

La rue centrale est envahie par une multitude de petits restaurants sans fenêtre, aux cuisines apparentes. Décoration minimale, mais temple de rigueur. Comme la sœur de David préfère manger dans le restaurant le plus occidentalisé de l’île (c’est-à-dire, celui qui propose un riz cantonnais réglementaire), on s’échappe et on rejoint l’un de ceux qui propose des dim sum (bouchées vapeur, spécialités de la cuisine cantonaise). J’apprends à David le très utile mot « boui-boui ». Par chance, on rejoint la table de deux jeunes hongkongais adorables (on dirait des koalas) et ils passent la commande pour nous, sans quoi nous serions toujours perdus face à l’hermétique carte écrite en chinois traditionnel. Un charriot circule entre les tables, poussé par une femme au visage plutôt inexpressif et chacun y pioche ce qu’il veut. Un service 4 étoiles pour un repas à 4 euros.

On finit la journée sur une plage. Je me baigne, mais l’eau pleine de vase et plutôt opaque, ne me fait pas très envie. Le sable est piquant de petits rochers et de ronces sous-marine.

J’aime ces habitations qui semblent perdues dans la jungle et leurs potagers exotiques

Comment y aller ?

Se rendre au port de Central et prendre le Ferry vers l’île de votre choix, vous pouvez payer en passant votre carte Octopuss. Il y a généralement 2 ferries par heure. Comptez 20 minutes de trajet.

La divination au temple

Il y a deux ans, sur le chemin de Compostelle, j’ai rencontré Maria, une hongkongaise catholique. J’ai décidé de l’appeler en arrivant et on s’est retrouvées dès le lendemain dans le quartier très animé de Yau Ma Tei, à Kowloon. Je l’attendais dans un café datant des années 50, le Mido. Il faut savoir que les chinois ne sont pas très portés sur le vintage, ni sur la conservation du patrimoine en général. C’est donc plutôt rare de tomber sur ce genre d’endroit. La cuisine y est plutôt quelconque, le personnel franchement désagréable, mais le lieu est magique. J’ai appris ensuite qu’il sert souvent de décor aux films d’action hongkongais. Ses vitres jaunes et bleues donnent sur le petit temple Tin Hau (dédié à la déesse de la Mer du même nom). Tout, placé à l’intérieur de ce café, devient photogénique. Je sors discrètement mon Leica (tour de force étant donné la taille de l’appareil) pour capturer un jeune couple. Les photos y sont interdites, mais je ne me fais pas prendre. Maria m’avait recommandé de goûter le Yin Yang, un mélange typique de thé et de café, mais le Mido n’en proposait pas. Quand elle m’a demandé ce que j’en avais pensé, je lui ai dit que je n’avais pas encore pu le tester. Elle a ri. « Mais non ! Ce n’est pas sur la carte, mais tout le monde en fait ! » Je l’ai gouté plus tard, ailleurs. Ce n’était pas mauvais mais j’ai eu une tachycardie les deux heures qui ont suivi.

En descendant du café, nous sommes allées au temple Tin Hau. L’air y était chargé d’encens, comme il se doit. Au fond, au pied de la divinité, il y avait une table avec des pots remplis de bâtons de bambou. Maria m’explique que c’est pour la divination. « Tu te places face à l’idole, tu poses une question, une intention, tu secoues le pot et tu attends qu’un bâton gicle sur le sol ». Je l’ai fait. Au bout de quelques secondes un bâton a jailli de façon bien déterminé. Maria le ramasse. Il porte le numéro 17. « Maintenant il faut l’amener à ce mec là bas, il va te sortir l’oracle qui correspond ». On s’approche d’un jeune prêtre qui nous donne un petit papier en échange du bâton. « Qu’est-ce qu’il y a écrit? » Maria lit le texte en diagonale et éclate de rire. « Ah, ce n’est vraiment pas bon ! Je ne comprends pas tout, c’est un texte ancien, mais c’est franchement mauvais. Déjà il y a le signe xia (下, en dessous). Quand c’est shang (上, au dessus) c’est plutôt positif, mais xia c’est mauvais signe. En gros, c’est une histoire de guerrier sur une montagne, il ne peut ni monter, ni descendre, il est coincé. Il regarde ce qu’il souhaite atteindre mais ne peut pas le toucher ». Elle me demande ce que j’avais posé comme question. Je lui réponds : « Vais-je rencontrer l’amour? » Un peu désemparée, je m’approche du prêtre en chef. Maria lui demande une lecture éclairée de l’oracle. Ils échangent en cantonnais, le ton monte. Il refuse d’interpréter la prédiction car il ne parle pas anglais et ne fait pas confiance à la traduction de Maria. On revient donc voir le jeune. À eux deux ils déchiffrent le bout de papier. Le prêtre se retourne vers moi et me dit : « Il faut attendre. Attendre un an et demi ».

Pour me remonter le moral, Maria me montre un autre outil de divination. Il s’agit de deux petits bouts de bois plats. Il faut les tenir serrés dans ses mains, poser une question et les laisser tomber au sol. Selon le côté sur lequel ils se retrouvent, c’est oui ou non. Je tombe sur non. Je vous laisse imaginer la question que je posais. »Décidément… » rigole Maria. « Non mais tout dépend si tu y crois ou pas. Moi je n’y crois pas. » Ajoute-t-elle. Forcément, un catholique ne croit pas trop à ce genre de chose.

Comment y aller ?

Mido Café, 63 Temple St, 9h-22h, métro Yau Ma Tei. Prenez une table à l’étage qui donne sur le temple Tin Hau (angle Temple St et Public Square St, 8h-17h).

Le marché aux oiseaux et aux fleurs

Nous poursuivons notre après-midi au marché des fleurs et des oiseaux, un autre excellent souvenir de mon premier passage à Hong Kong. Sur le chemin, on s’arrête dans un théâtre qui était anciennement un cinéma porno et dans une église. J’en profite pour demander à Maria de me prendre en photo avec Saint Antoine de Padoue et je le remercie pour ces beaux voyages.

Au marché, les oiseaux sont toujours magnifiques, mais ils me font de la peine. Sans parler des centaines de poissons colorés vendus dans des petites poches en plastique. Maria m’explique que les poissons équilibrent le Feng shui selon leur nombre, leur couleur, etc. J’apprends plus tard que le mot poisson yu (鱼), se prononce comme le mot richesse (余). Les cafards se vendent aussi par milliers, probablement pour nourrir d’autres animaux. Au marché aux fleurs, les orchidées sont en fête.

Merci Saint Antoine pour cette belle tournée en Asie !

Comment y aller ?

Yuen Po St Bird Garden, Flower Market Rd, Mong Kok, 7h-20h, métro Prince Edward.

Repulse bay

Sur les conseils de l’une de mes colocataires Airbnb, je suis allée sur la plage de Repulse Bay. Ce nom, absolument pas sexy, vient de l’époque où les anglais repoussaient les pirates depuis cette baie. Après avoir déambulé dans le sanctuaire à Kwun Yam, situé en bout de plage, je me suis installée sur le sable, à l’ombre d’un arbuste. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas mis de crème solaire, mais je l’ai regretté. En rentrant, j’ai découvert deux magnifiques coups de soleil sur mon fessier. Une erreur de débutant.

Ce jour-là, l’eau était belle et sans méduse. On m’a dit que ce n’était pas la règle. Je me suis baignée et j’ai nagé jusqu’aux petites estrades flottantes. De là je pouvais voir la plage et les montagnes vertes derrière. Tout cela à quelques kilomètres du hérisson de verre de la ville.

J’ai pris cette photo sur le vif et j’ai réalisé plus tard que la femme et la statue avaient presque la même pose !

Comment y aller :

Repulse Bay et le sanctuaire Kwum Yam se trouvent à la pointe sud-est de l’île de Hong Kong. Plusieurs minibus vous y amènent depuis le centre ville. Ils sont souvent très petits et vite remplis. Si il est plein, attendez le prochain ! Je vous déconseille de manger sur place, c’est hors de prix. Prenez votre encas avec vous.

The foreign correspondants club

Un soir Eric, un ami de Natacha, nous a invitées au Foreign Correspondant Club. Ce club de journalistes était l’un des points de chute des reporters pendant la guerre du Viêtnam.

Après un copieux repas, Eric m’a fait visiter les lieux. Dans l’anti-chambre du bar étaient exposées des photos cultes de Nick Ut : la petite fille courant nue sur la route aspergée de Napalm, les réfugiés qui s’entassent dans l’hélicoptère posé sur le toit d’un immeuble… En les regardant, j’ai d’abord vu des icones. J’étais contente de les voir en version originale dans un tel lieu et non coincée dans la foule du Jeu de paume. Au bout de quelques minutes cependant, j’ai été envahie par une drôle de sensation. Je me sentais dans la photo et la lourdeur du sujet me pesait de plus en plus. Je me souviens que sur l’une d’entre elles, on voyait un homme se faire battre avec une épée pour avoir donné de mauvais renseignements à ses supérieurs. J’ai réalisé que ce que je ressentais n’était pas seulement inspiré par l’horreur des scènes photographiées, mais aussi par la position du photographe. J’avais l’impression d’avoir pris moi-même ces photos, ou plutôt d’être en train de les prendre. Dans ce club de journalistes, je les regardais en confrère et non en spectateur. J’ai réalisé que souvent, en voyant des photographies, j’avais de l’empathie pour les modèles plus que pour les photographes qui étaient, par définition invisibles. Cette fois-ci, c’était différent, j’étais dans leur maison. En rejoignant le grand bar chic et animé du club, je me suis sentie un peu déphasée. J’avais changé d’espace-temps en quelques minutes. Au sous-sol, le club de jazz me réchauffa rapidement.

Comment y aller ?

Il faut être invité par l’un des membres du club. Pour être membre, il faut soit être journaliste et payer un abonnement assez cher, soit, si vous n’êtes pas journaliste, attendre deux ans et payer un abonnement très très cher.

Le musée de l’histoire

C’est le seul musée que j’ai fait à Hong Kong, suivant le conseil du Lonely Planet :

Si vous n’avez le temps de visiter qu’un musée, choisissez le musée d’Histoire, pour un voyage dans le passé de Hong Kong, des temps préhistoriques à 1997.

Je ne l’ai pas regretté, il est extraordinaire. Après avoir flotté dans l’histoire de la genèse géologique de l’archipel, frémi au rythme des secousses tectoniques, m’être baignée dans la lave des volcans et avoir dansé avec les nautiles, j’en ai appris d’avantage sur les premiers habitants du territoire et sur leurs coutumes. Mais mon passage préféré est sans nul doute celui sur les guerres de l’Opium et les temps mouvementés du 20ème siècle. Je me suis dit que ces Britanniques étaient, pardonnez-moi l’expression, « de beaux salauds ». Je me demande s’ils se sont un jour publiquement excusés d’avoir été les plus gros dealers de l’histoire…

Le musée reconstitue joliment les intérieurs d’époques et présente des documents intéressants. La partie sur l’occupation japonaise est aussi très instructive… Sans parler de la dernière salle, consacrée à la rétrocession de Hong Kong à la Chine continentale, où l’on apprend autant de ce qui est dit, que de ce qui ne l’est pas.

Quel beau couple, n’est-ce pas ? (photo exposée au Foreign Correspondants Club)

Comment y aller ?

Hong Kong Museum of History, 100 Chatham Rd South, 10$HK, gratuit le mercredi, 10h-19h, fermé le mardi. Profitez d’être dans ce secteur pour vous promener sur Tsim Sha Tsui East et contempler la vue sur Victoria Harbour.

Le temple sikh et le pantalon décousu

Un soir, en rentrant d’une longue journée de découverte, je m’arrête au temple sikh non loin de là où j’habite. Le Lonely Planet dit qu’ils accueillent des fidèles de toutes confessions et proposent un repas végétarien gratuit pendant l’office. Avide de nouvelles expériences mystico-culinaires, je m’avance vers le bâtiment blanc sur la colline, coincé entre une grande route et un cimetière (les cimetières sont suffisamment rares pour être remarqués).

En entrant, je décide de monter les escaliers, vers la musique. Des sandales sont posées dans le couloir. À droite, une porte est ouverte sur une très grande salle recouverte de tapis au fond de laquelle chantent et jouent trois hommes en turban. Quelques fidèles sont disséminés sur la moquette, assis en tailleur. Je me lave les pieds, je prends un foulard sur une pile posée à l’entrée et je l’enroule sur mes cheveux. Je m’installe tout au fond, contre le mur. Je ne suis pas complètement sûre d’être à ma place. Je me mets en tailleur et je ferme les yeux. Plusieurs fois je crois que la musique va s’arrêter, mais elle reprend en modulant sur un autre versant. Je pense à mes cours de yoga Kundalini et je me concentre sur mon 6ème chakra.

Soudain, je sens quelque chose tomber dans mes mains jointes. J’ouvre les yeux. L’un des hommes du temple vient d’y laisser une boule jaune et grasse. Je comprends que c’est une offrande à partager, sûrement le repas végétarien promis par le guide. Je goûte, ce n’est pas mauvais. Je continue à méditer les mains pleines d’huile. Au bout d’un moment, des crampes m’obligent à changer de position. J’étends mes jambes devant moi, mais l’homme, retourné à côté des musiciens me fait gentiment signe de ranger mes pieds derrière moi.

Quand je suis rentrée à l’appartement, j’étais enchantée de ma journée. Mais en enlevant mon pantalon, j’ai réalisé qu’il était complétement décousu à l’entrejambe. Sûrement abimé depuis le matin, la position en tailleur avait du achever d’ouvrir la fente. J’ai repensé au programme de l’après-midi : deux temples, une église, une méditation en tailleur… Ce n’était pas le jour ! J’avais acheté ce pantalon en même temps que la robe rouge, à Pékin – haute couture made in China.

Le salon de beauté du 4ème

Une fin de journée, alors que je cherchais désespérément de quoi m’épiler (les chinoises n’ont pas trop de poils, c’était une vaine quête) j’ai commencé à déchiffrer la multitude d’enseignes placées au dessus des portes d’immeubles. Médecin, foot massage, comptable, avocat, restaurant… Mon regard s’arrête sur « Beauty salon, 4F ». Je pousse la porte métallique et j’avance dans la petite entrée carrelée. En sortant de l’ascenseur, il fait sombre. Et de toutes les portes je ne sais laquelle abrite le dit salon de beauté. Je sonne à l’une d’entre elles, derrière laquelle j’entends des voix de femmes. Après quelques instants une jeune fille l’entrouvre. « Beauty salon? » Elle hoche la tête et me fait rentrer.

L’intérieur contraste avec le reste de l’immeuble. La lumière inonde la pièce. Une jeune fille est assise sur un large fauteuil de skaï noir et une autre se penche sur elle, un fil coincé entre les mains et les dents. Je suis au bon endroit. Je m’installe sur l’une des chaises face au mur. Des miroirs reflètent le gentil bazar ; une femme d’une trentaine d’année s’approche de moi. Elle est brune au teint mat, elle a de magnifiques sourcils, longs, épais et arqués. « Française? » Sa voix est lente, très grave. Je lui demande d’où elle vient « Egypt. Je parle un peu français, j’ai reconnu ton accent ». Elle est à Hong Kong depuis 2 ans. Je lui demande ce qu’elle y fait. Elle me répond quelque chose en anglais que je comprends mal, avec le mot « asile ». Je l’imagine échappée d’un hôpital psychiatrique. Par politesse, je lui demande si elle est patiente ou docteur de cette asile. Elle rit doucement. « No, I am living the miserable life of an asylum seeker ». Je n’avais donc rien compris.

Dans la lumière de l’après-midi, parmi les cris des jeunes filles, je passe dans une autre dimension. Elle me dit qu’elle a la force et que même si c’est compliqué pour elle, au fond, tant qu’elle a la force ça ira. Elle vit là avec sa fille. Son amie qui se fait épiler vient des Philippines et a pour ambition d’être, je la cite, le plus sexy possible pour trouver un mari. Elle doit avoir 17 ans. Elles me demandent ce que je fais dans la vie et pourquoi je suis là. Je leur montre mes cartes de visite. « Oh, I see your boobies! It’s very sexy! » S’exclame la jeune fille mi-choquée mi fascinée. L’Égyptienne me conseille de l’amener avec moi : « elle danse tout le temps, tu devrais l’embaucher. »

Quand je suis redescendue de ce 4ème étage, j’avais l’impression d’avoir traversé un monde parallèle. Hong Kong, dans sa verticalité, offre un mille-feuille d’univers. Ses rues me font penser aux images de Blade Runner, entre technologie et archaïsme, métal et décrépitude, luxe et subsistance.

Les modes de transport à Hong Kong

Se déplacer à Hong Kong fait partie de l’expérience. Première chose à faire en arrivant, acheter une carte Octopus : elle vous permet de payer tous les transports et plus encore (vous pouvez souvent faire vos courses avec).

  • Le métro :
    Moderne et rapide, il dessert toute la ville. Par contre soyez patients pour accéder aux quais. En effet, les entrées en surface sont multiples, ce qui donne l’impression que le métro est tout le temps proche, alors qu’il en est souvent très éloigné, ce qui vous oblige à traverser d’interminables couloirs, centres commerciaux et zones en tout genre.
  • Le tramway à impériale :
    Chic, vintage et franc du collier. Montez à l’étage profitez de la vue. La chenille glisse le long des avenues et vous promène de building en building pour 20 centimes seulement.
  • Le ferry :
    À ne pas rater, évidemment. Moins cher que le métro pour aller de Hong Kong à Kowloon, il offre une magnifique traversée de la baie pour quelques centimes. Si vous rejoignez le port de Central en métro, prévoyez au moins 10 minutes pour traverser tous les couloirs sous-terrains et les passerelles.
  • Le bus :
    Pour qui aime se repérer dans l’infinité des lignes, le bus est une bonne option, notamment pour rejoindre l’aéroport.
  • Le funiculaire :
    C’est l’incontournable pour monter sur Victoria Peak, à moins que vous ne trouviez un sentier à faire à pied. Incroyablement pentu, il vous amène en quelques instants haut au dessus de la tour HSCB.

Sentir la présence marine et rejoindre la ville

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